sergedu25 Contrairement à une idée reçue, la production de fioul/gazole n'est pas inéluctable dans le processus de raffinage. La réduire ou la supprimer est techniquement faisable, par exemple via des systèmes dits d' « upgrading » ou « conversion profonde » du gazole, tels que la cokéfaction, l'hydrocraquage, la gazéification, etc. qui cassent les longues chaines carbonées pour produire des hydrocarbures plus légers, mais le faire à grande échelle demande de réaménager les raffineries qui ont été conçues pour produire de grande quantités de fioul lourd et gazole, et l'empreinte carbone des carburants fossiles va empirer, car la transformation des fiouls en carburants plus légers et plus propres consommera aussi de l'énergie (qui sera probablement d'origine pétrogazière). L'hydrocraquage permet par exemple de transformer des distillats sous vide (dits « gazoles lourds » (éventuellement mélangés à d’autres résidus lourds) en essence à faible indice d’octane, en kérosène, en gazole léger et du fioul domestique ; ce procédé demande de bien désulfurer la charge, d'en retirer les métaux lourds ou métalloïdes et d'y ajouter ensuite une quantité importante d'hydrogène. Il pourra probablement bénéficier des progrès techniques attendus dans le cadre de l'économie de l'hydrogène mais cet hydrogène peut être produit sur place par gazéification d'une partie des hydrocarbures lourds. Ce qui veut dire qu'il y des possibilités, mais .....
Je pense comme Titus que tu as fait une excellente analyse de la situation, à partir de données techniques sur les raffineries dont je ne disposais pas.
Mes 4 grands-parents sont agriculteurs. Il n'y avait pas (ou peu) de tracteurs, et la période des moissons et des battages était l'occasion d'employer une forte main-d'oeuvre rurale intermittente. La mécanisation a changé la société agricole, le rapport de l'agriculteur à ses employés, sa solitude, son isolement par rapport au consommateur, sa dépendance aux machines, aux banques, aux vendeurs d'engrais et de produits phyto.
De même demander aux raffineries de produire tel ou tel carburant a un coût. Mais ce n'est que de l'argent. La société va complètement changer dans les 50 années qui viennent, et la disparition du gazole et le très léger surcoût en process et heures de travail (l'argent représente un temps de travail et ou une taxe sur les resources environnementales, sans être totalement un ticket de rationnement) sera infime par rapport aux changements rapides et permanents de conditions de travail dans les décennies à venir.
En 200 ans, l'esclavage a été aboli, les femmes ont obtenu le droit de vote. Mai 1968 a changé le rapport des jeunes aux vieux, des employés aux patrons. Quel surcoût ? Peu importe. Le changement des conditions de vie est bien plus important que l'argent, qui ne représente qu'un outil d'échange (j'échange le fruit de mon travail contre le fruit de ton travail ; à ceux qui fixent les prix d'être équitables...)