Le 14/02/2016 à 17h46
Modifié le 14/02/2016 à 17h56
Commission Royal sur le diesel : « premiers résultats très alarmants » selon les ONG
Le Monde | 11.02.2016 à 18h19 |
Par Laetitia Van Eeckhout
Les premiers résultats de la commission Royal chargée, à la suite du scandale Volkswagen, de tester les émissions polluantes de cent véhicules diesel, sont tombés : ils sont « alarmants », selon les deux ONG membres du panel. Alors que ces travaux n’ont encore donné lieu à aucune communication officielle, le Réseau action climat (RAC) et France nature environnement (FNE) ont décidé, jeudi 11 février, de révéler l’analyse des tests réalisés sur les 22 premiers véhicules.
Résultats des émissions de NOx des 22 premiers véhicules testés.
Ceux-ci laissent apparaître de fortes disparités entre les mesures d’émissions réalisées en laboratoire à différentes températures et les mesures sur piste. « Plus surprenant, des différences marquées apparaissent aussi bien entre véhicules d’un même constructeur qu’entre les différentes marques automobiles », soulignent les ONG, sans néanmoins détailler les données, encore partielles.
« Cela confirme les soupçons de “sur-optimisation” des véhicules lors des tests en laboratoire, afin d’obtenir leur homologation, relève Charlotte Lepitre, de FNE. Sans compter que certains véhicules, en conditions réelles, dépassent de manière démesurée – de 3 à 5, voire 10 fois – les seuils des normes d’émission autorisées. »
Le dispositif d’homologation en question
Le RAC et FNE appellent vivement à faire la lumière sur les origines de ces écarts. A ce jour, la commission a auditionné quatre constructeurs : Renault, BMW, Opel et Ford. Mais les ONG sont particulièrement déçues des analyses fournies par les constructeurs. « Autant Renault nous a expliqué dans le détail le problème technique qu’il rencontrait, autant les éléments fournis par les trois autres marques se sont révélés très lacunaires, souligne Charlotte Lepitre. Nous manquons d’explications claires pour bien comprendre le problème de certains dépassements. »
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Le RAC et FNE posent déjà la question des suites qui seront données aux travaux de la commission. Pour elles, ces premiers constats démontrent une nouvelle fois la nécessité, sinon l’urgence, de revoir de fond en comble le dispositif d’homologation des véhicules, et de « mettre sur pied un système de tests indépendant, en conditions réelles de circulation, pour s’assurer que les agences de certification effectuent les essais de façon à fournir des données fiables et représentatives des émissions réelles de tous les véhicules ».
« Des dépassements sont observés sur une écrasante majorité de véhicules. Or, les normes ne sont pas négociables pour le climat, et pour notre santé », insiste Lorelei Limousin, du RAC. Selon l’Agence européenne de l’environnement, les émissions de dioxyde d’azote – l’un des membres de la famille des oxydes d’azote (NOx) –, surtout émis par des véhicules diesel, sont à l’origine de quelque 7 700 décès prématurés en France.
Jeudi 18 février, la Commission doit analyser une deuxième série de véhicules.